Pourquoi avoir mené un étude sur les moisissures dans le logement ?
Dorothée Grange : L'étude a été lancée à la demande du Conseil régional d'Ile-de-France. À l'origine, la demande portait sur une étude générale de la qualité de l'air intérieur. Pour l'ORS, le problème des moisissures dans les logements est symptomatique de la région, car beaucoup de logements sont anciens et de petites surfaces, nous avons donc ciblé plus précisément cette problématique. Pour l'instant, une étude pilote a été menée sur 150 logements, afin de tester les méthodes d'analyse et pouvoir ensuite les généraliser dans une étude de grande ampleur. L'objectif à terme, est de mettre en évidence les effets sanitaires des moisissures sur plusieurs milliers de logements.
Quelles méthodes utilisez-vous ?
DG : Lors de l'étude pilote, nous avons utilisé plusieurs méthodes : questionnaires à remplir par les habitants, prélèvements d'air à l'intérieur et prélèvements de surfaces contaminées. Nous analysons actuellement ces premiers résultats. L'étude de grande ampleur n'est pas encore prévue, car nous devons attendre que les méthodes de test soient plus développées et adaptées à une étude plus vaste.
Quels résultats avez-vous déjà pu mettre en avant aujourd'hui ?
DG : La contamination par les moisissures est très fréquente. Selon notre étude pilote, environ 17 % des logements seraient touchés, répartis sur toute l'Ile-de-France. D'autre part, il existe de nombreux types de moisissures et la contamination n'est pas forcément visible, certaines pouvant se développer par exemple sous le papier peint, d'où la nécessité de faire des prélèvements d'air.
Une contamination du logement par la moisissure peut-il avoir un effet sur la santé ?
DG : Les moisissures libèrent des substances dans l'air, d'où un impact sur la santé. Certaines de ces spores sont allergisantes, d'autres irritantes ou toxiques. Cela peut donc provoquer de l'asthme ou encore aggraver des affections respiratoires et autres maladies. Nous avons même noté parmi les symptômes des maux de tête et des nausées. On ne peut donc pas vraiment se fier à ces symptômes pour identifier une contamination du logement. Des prélèvements sont indispensables.
Que faire quand un logement est contaminé par les moisissures ?
DG : En cas de contamination, il faut supprimer les moisissures. Pour cela, on commence par mettre des gants pour se protéger la peau, puis avec une éponge humide et du produit détergent on frotter les parties infestées. Ensuite, on termine en appliquant un peu d'eau de javel. Ensuite, il faut bien sécher la zone, car les moisissures se développent dans les lieux humides. Toutefois, si la contamination est trop importante, il faut faire appel à un professionnel, ou s'adresser à l'Anah ou au Pact-Arim.
Comment éviter que les moisissures s'installent chez soi ?
DG : Le plus important, c'est d'éviter l'humidité. Il faut donc aérer manuellement le logement tous les jours et réparer rapidement les dégâts des eaux. D'autre part, on limite les sources d'humidité, comme en évitant d'étendre le linge à l'intérieur. Si on ne peut pas faire autrement, il faut aérer pour faire sortir cette humidité. Attention, les systèmes de ventilation ne doivent pas être bouchés ou obstrués.
Si le logement est en location, qui est en charge de l'éradication des moisissures ?
DG : Pour savoir qui du bailleur ou du locataire doit s'occuper de juguler la contamination, il faut identifier l'origine des moisissures. Les services d'hygiène de la mairie pourront mener quelques analyses pour identifier la cause du problème. Si c'est le bâtiment lui-même qui est l'origine de la contamination, c'est le propriétaire qui doit s'en charger. Par contre, si la moisissure provient de l'humidité présente dans le logement, à cause par exemple d'un manque de ventilation manuelle, c'est au locataire que revient la charge d'éliminer les moisissures.
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